La gestion de bankroll : un impératif catégorique
Publié le 23/09/2011
Pour être un bon joueur de poker, il ne suffit pas de connaître la stratégie sur le bout des doigts, d’avoir des nerfs d’acier ou un mental à toutes épreuves. Ces qualités sont certes indispensables pour être un joueur gagnant sur le long terme, mais elles ne seraient rien sans une gestion de bankroll irréprochable.
Une des notions les plus importantes à garder en permanence à l’esprit est que le poker est un jeu à petite marge mais à forte variance. Le bon joueur va donc devoir prendre la meilleure décision possible à chaque stade d’un coup pour ne pas réduire cette marge à néant, mais il devra aussi gérer ses finances parfaitement de façon à pouvoir encaisser la variance sans passer par la case broke.
Sur le court terme, la chance est omniprésente et vous pourrez perdre des coups joués de façon optimale tandis que votre adversaire lui empochera le pot à votre place, en ayant pris des décisions qu’aucun esprit sensé ne saurait expliquer.
Ce type de coups n’est pas rare, et ils peuvent se répéter de nombreuses fois de suite, vous donnant l’impression que le sort s’abat sur vous, que la room sur laquelle vous jouez est truquée ou que vous ne pourrez plus jamais gagner un seul pot de votre vie. Ces longues périodes de « malchance », appelées badruns, peuvent durer extrêmement longtemps, bien plus qu’un joueur débutant ne pourrait l’imaginer. C’est pour cette raison que nos décisions doivent être prises sur le long terme, et que nous ne devons en aucun cas nous soucier du résultat immédiat.
En sng par exemple, il n’est pas rare pour un joueur régulier ayant un ROI autour de 15%, de perdre de l’argent sur plusieurs centaines de tournois…si si, j’ai bien dit plusieurs centaines…
Pour chiffrer un badrun, on parle de nombre de buy in perdus sur un nombre défini de sng. Un bon joueur ayant joué assez de sng pour connaître son ROI réel, pourra alors perdre l’équivalent de 20 ou 25 fois son buy in moyen sur un échantillon de 200 sng. Que ce passerait-il pour ce joueur si il avait eu la bonne idée de jouer des sng à 10$ avec une bankroll de 200$ ? Et bien il n’aurait plus rien, il serait broke et devrait alors refaire un dépôt pour pouvoir rejouer.
C’est badruns sont inévitables, même si vous êtes le meilleur joueur du monde. Vous devez donc jouer avec une réserve d’argent suffisante pour pouvoir les traverser sans pour autant vider votre bankroll.
Voici quelques conseils concernant la réserve dont vous devriez disposer pour jouer un poker serein, avec un risque de vous retrouver broke extrêmement réduit :
- en sng, on conseillera de disposer de 30 à 50 buy ins en réserve (ce qui représente entre 2 et 3% de votre bankroll). Cela veut dire qu’un joueur qui posséde une bankroll de 100 $ ne devrait pas jouer des sng supérieurs à 2 ou 3$.
- en mtt, du fait que le pourcentage de joueurs payés est plus faible qu’en sng, on conseillera d’avoir entre 50 et 70 buy ins en réserve (donc entre 1,5 et 2 % de votre bankroll). Avec cette même bankroll de 100$, ce joueur ne devrait pas jouer des mtt supérieur à 2$ et devra même certainement privilégier les mtt à 1$.
- en cash game, il est conseillé d’avoir au minimum 20 caves max. en réserve dans sa bankroll. Un joueur jouant en NL10 (blinds 0.05/0.10) devra disposer d’une bankroll de 200 $ pour pouvoir jouer sans risque de tout perdre.
Ces conseils sont d’ordre général et partent du principe que vous devrez descendre de limite quand votre bankroll ne disposera plus d’assez de buy in en réserve. Je préfère personnellement prendre une marge plus importante encore et savoir que je n’aurai plus jamais à descendre de limite.
Après tout, si par exemple vous avez joué assez de sng 10 $ pour connaître votre ROI réel (ce que vous ne pourrez prétendre qu’après avoir joué plus de 600 sng à cette limite, 600 étant le strict minimum pour avoir un ROI représentatif de votre ROI réel), et que vous savez donc que vous êtes un joueur positif à cette limite, pourquoi jouer avec une réserve de buy ins faible au point de devoir descendre de limite un jour en cas de badrun prolongé ?
Je préfère, en sng par exemple, disposer d’une centaine de buy ins d’avance dans ma bankroll, comme ça je sais que je pourrai traverser les pires badruns de ma vie sans jamais avoir à redescendre à la limite inférieur. Il s’agit d’un choix personnel (de confort psychologique) et en rien d’un conseil devant s’appliquer à tous. A vous de voir ce qui vous convient le mieux.
Sachez aussi que ces chiffres devront être revus à la hausse au fur et à mesure que vous montrez de limite. Il s’agit de bases vous permettant de monter une bankroll sereinement, en minimisant les risques, mais plus vous montrez en limite, plus votre edge (et donc votre ROI) diminuera, plus la variance augmentera et plus vous devrez disposer d’une réserve financière importante.
N’oubliez pas une chose : retenir ces chiffres par cœur n’est pas le plus compliqué. Le plus dur au poker en général, et notamment pour tout ce qui concerne la gestion de bankroll, est bien d’appliquer ce que l’on a appris, sans jamais déroger à la règle. Je vous le redis, sans JAMAIS déroger à la règle.
A l’instar de beaucoup d’autres concepts importants au poker, la gestion de bankroll représente avant tout une difficulté psychologique, bien plus qu’une difficulté mathématique ou mécanique et n’oubliez pas qu’il vous sera très facile en une semaine de gâcher tous les efforts de gestion que vous aviez appliqués les mois précédents.
Essayez d’appliquer ces quelques conseils mais essayez surtout de TOUJOURS les appliquer, sans jamais déroger à la règle, et vous pourrez jouer un poker serein, sans crainte de voir votre bankroll réduite à néant.
Par 24Cooper24